Comme un pro : élaborons nous-mêmes des schémas de traitement pour les tomates, les pommes de terre, les concombres

En préparant du matériel sur les systèmes de traitement des plantes contre les maladies, j’ai découvert un outil qui vous permettra d’élaborer des schémas de protection sans vous limiter aux produits d’une seule entreprise, vous serez en mesure de les combiner en toute confiance et de préparer des mélanges en cuve comme un pro. Ce sont les soi-disant codes FRAC.

Le Comité international sur la résistance FRAC a développé un système de codes alphanumériques qui sont attribués aux pesticides selon plusieurs critères : regroupement par mode d’action sur la maladie, origine chimique, nom de la substance et code de résistance croisée.

Par exemple, le groupe C désigne les inhibiteurs de la respiration cellulaire. Il comprend des pyrimidinamines, des quinazolinones, des strobilurines, etc. Les substances de ce groupe se voient attribuer des codes : 39, 7, 11, 11A, etc. L’azoxystrobine de Quadris a pour code FRAC : C3/11, où C3 est le sous-groupe selon l’effet ciblé sur le pathogène (C3 complex III : cytochrome bc1 (ubiquinol oxydase) au site Qo (cyt bgene)), 11 — le code de résistance croisée. Sous le code 11 et le sous-groupe C3, nous trouvons un autre produit populaire, Strobi (kresoxim-méthyle).

Les codes FRAC sont utilisés dans le monde entier, mais je n’ai pas pu trouver de catalogue en langue russe, j’utilise l’original en anglais. Je publie une version ukrainienne avec les substances enregistrées chez nous, et une version anglophone.

Ci-dessous, la version internationale, avec mes annotations pour un usage facilité.

FRAC propose une application, que vous pouvez trouver via le lien ci-dessus, sur le site officiel de l’organisation. Tapez le nom de la substance dans la barre de recherche et vous obtiendrez toutes les données.

Captures d’écran de l’application :

Il n’est pas nécessaire de mémoriser tous les groupes et codes, ils s’imprègnent progressivement si vous travaillez périodiquement avec le matériel de référence. Pendant que je préparais le matériel et dessinais des tableaux avec des schémas de protection, j’ai mémorisé la plupart des codes numériques sans les groupes — et déjà cela suffit pour un mélange de produits relativement correct.

Comment élaborer soi-même un schéma de traitement pour n’importe quelle plante basé sur les codes FRAC

Commencez par étudier les stratégies de protection des grandes entreprises. Ce n’est pas une tâche très difficile si vous pouvez tout trouver au même endroit (j’ai compilé un tel recueil pour les tomates et je prévois d’en faire d’autres).

Prenons en exemple les recommandations de DuPont pour les tomates, essayons de suivre la « logique ». Ils nous proposent 4-5 produits par saison : Tanoso, Kurzat M, Zorvec Encartia, Kurzat R.

Examinons les informations sur chaque produit : substances actives, mode de distribution dans la plante (contact, systémique et autres), délais d’attente, intervalle et fréquence des traitements.

1ère application. Nous savons qu’au début de la végétation, il est nécessaire de protéger les semis contre les pourritures radiculaires (pied noir). Dupont ne nous a rien proposé, mais d’autres producteurs ont un excellent Previcur Energy (propamocarbe + foséthyl aluminium F4/28 + P07), des préparations à base de bacilles de bleuet, trichoderma, alirin, gamaïr, planriz, gliocladine, etc.

2-3 applications peuvent avoir lieu avant la plantation des semis dans le sol ou immédiatement après. Les principaux objectifs sont les pourritures, la poudreuse et l’alternariose précoce qui affecte déjà pendant la période de semis, alors que les premiers signes apparaissent à la fin de la floraison. Toutes ces maladies se développent dans des conditions d’humidité élevée, en manque de soleil et à des températures allant jusqu’à 20 degrés. À ce stade de croissance, il est essentiel de réduire au maximum la sporulation d’Alternaria solani et de protéger la nouvelle croissance — Tanus et Kurzat M savent le faire. Deux applications successives avant la prochaine étape de protection sont recommandées. Je soulignerai qu’au tout début de la végétation, il est possible d’utiliser des préparations avec le délai d’attente le plus long — Anthracol, Acrobat, Infinito (MagniKuur Neo).

4-5 applications. Pendant la boutonnière, la floraison et l’apparition des premiers fruits, il est temps de protéger les tomates contre le phytophthora. La masse foliaire continue de croître, donc la protection de la nouvelle croissance est nécessaire. Zorvec Enchantia ne croise pas avec les préparations précédentes en termes d’origine chimique et de risque de résistance croisée, protège la nouvelle croissance, a plusieurs points d’influence sur les pathogènes et est, en général, l’un des meilleurs produits disponibles actuellement.

6ème application. En cas de risque élevé d’infection massive par le phytophthora, on utilise ensuite un produit à base de cuivre, Kurzat R (Ordan), avec des propriétés anti-sporulantes et bactéricides, qui traite et prévient. M01+U27 ne croise pas avec les traitements précédents, et de plus, le délai d’attente avant la récolte est relativement court.

Pour la période de fructification massive, des fongicides de contact, ne pénétrant pas dans les fruits, avec un court délai d’attente sont nécessaires : préparations à base de cuivre, chlorothalonil, fluazinam.

Le schéma décrit ci-dessus peut être considéré comme un modèle, et il est possible de choisir les produits de protection selon cet algorithme : au début, des produits avec un long délai d’attente, complexes, 1-2 applications. Ensuite, un produit axé sur le phytophthora, avec un code FRAC différent, 1-2 applications. Pendant la période de fructification, des substances avec un court délai d’attente, des produits de contact, du cuivre pour supprimer les bactéries et les pourritures lors du stockage. Les principes actifs des produits et leurs codes ne doivent pas se croiser lorsqu’ils sont alternés.

Selon un principe similaire, il est possible de composer un schéma d’applications pour toute culture, sachant quels produits sont utilisés pour leur protection et leur traitement, et à quel moment de la végétation ils sont recommandés.

Lors de la prochaine saison, je vais m’orienter selon le document canadien sur la protection des plantes. Je le publie ainsi que quelques autres documents sur le sujet sur Google Drive et Yandex.Disk en libre accès.

Pourquoi est-il important de connaître le code sous lequel votre produit choisi est référencé ?

L’exemple le plus simple. Il existe toute une collection de strobilurines en vente, parmi lesquelles l’azoxystrobine Quadris (C3/11) et le kresoxim-méthyl Strobi (C3/11). Les noms des substances actives sont différents, la description d’application est presque identique — on pourrait penser qu’il est possible de les inclure dans l’alternance dans son schéma d’applications. Mais en sachant qu’il s’agit en réalité de substances très similaires avec une résistance croisée, nous allons choisir un autre produit, et nous aurons raison de le faire. Il y a une autre piège avec les strobilurines — elles peuvent être utilisées saison après saison. Cela signifie qu’en ayant appliqué Quadris cette saison, nous ne pouvons pas appliquer Strobi ou Tanus (famoxadone C3/11) l’année suivante.

Je comprends que des dizaines de milliers de mes compatriotes ne planteront pas leurs semis à temps en 2022. Mais viendra un temps où mon travail leur sera certainement utile. Tant que je peux publier quelque chose d’utile, je vais rester assis et travailler.