Dans l’article précédent, j’ai examiné plusieurs méthodes pour cultiver des engrais verts, mais je n’ai pas traité les questions de comment semer, quand semer et quand récolter les engrais verts. Je vais remédier à cela.
Graines de moutarde blanche
Comment semer les engrais verts
Le meilleur aspect du semis des engrais verts est la facilité avec laquelle il peut être effectué. Aucune préparation spéciale du sol n’est requise, pas besoin de creuser des trous ou de retourner la terre lors de l’incorporation (à moins que vous le souhaitiez). L’option idéale est de semer immédiatement après la récolte, sur un sol meuble et humide. Un avantage indéniable des engrais verts est que la plupart des plantes de couverture peuvent être semées même dans l’herbe fauchée, simplement en marchant sur celle-ci avec des fourches et en l’humidifiant après le semis. Avec cette méthode de semis, la moutarde blanche, favorite des agriculteurs débutants, et le seigle avec son système racinaire puissant, germent très bien.
Système racinaire du seigle
Lors du semis manuel, la séquence d’actions suivante sera efficace :
- Renseignez-vous sur le nombre de grammes de semences nécessaires pour 100 m² de l’engrais vert que vous avez choisi (notez le tableau ci-dessous).
- Déterminez la superficie à semer et calculez le poids des graines pour cette superficie.
- Divisez les graines en deux parties. Si les graines sont petites, mélangez-les avec du sable.
- Nettoyez la parcelle des mauvaises herbes et ratissez-la.
- Répartissez une moitié des graines sur la parcelle, puis, en vous déplaçant perpendiculairement à la parcelle, répartissez la seconde moitié des graines.
- Il ne faut pas économiser sur le matériel de semence, car une partie des tâches assignées aux engrais verts ne sera pas accomplie - ce serait une perte de forces, de temps et d’argent. Essayez de respecter les recommandations.
- Il est préférable de semer des graines plus grosses dans des sillons, que l’on peut facilement créer avec une houe ou un cultivateur.
Un autre détail important, souvent peu discuté, est que les engrais verts ont besoin d’engrais minéraux. L’apport d’engrais minéraux pour les engrais verts est plus que judicieux, car ce qu’ils accumulent retournera dans le sol sous forme d’organique, que les bactéries traiteront et retourneront aux cultures fruitières dans une forme « correcte ».
Quand semer les engrais verts
Il existe quatre principales périodes pour le semis des engrais verts. Quand semer les engrais verts dépend de plusieurs facteurs : votre désir et vos préférences, la saison, le type de plante et la culture qui poussera ensuite à cet endroit, ainsi que quelques autres.
Source du tableau Managing Cover Crops Profitably
Semis d’automne pour les cultures d’hiver
Règle générale : selon les conditions climatiques, les engrais verts d’hiver peuvent être semés entre le 15 septembre et le 1er novembre.
À la fin de la saison, après la récolte de la dernière culture, la parcelle est semée avec un engrais vert d’hiver, comme le seigle ou le blé. Ces cultures protégeront le sol de l’érosion tout au long de l’hiver et retiendront le maximum d’humidité. Deux à trois semaines avant la plantation des premières cultures fruitières, l’engrais vert est fauché et enfoui pour enrichir le sol en azote et nourrir les microorganismes bénéfiques et les vers de terre.
Il existe également une autre raison pour la “doctrine” des deux semaines d’intervalle - l’influence allélopathique des plantes les unes sur les autres. Cette propriété parmi les plantes de couverture est peu étudiée. Tout cela est appris par les agriculteurs uniquement de manière empirique. Dans le jardin de Bublik, un chapitre entier traite de ce sujet, mais il n’y a aucune confirmation documentaire de la poésie. On rapporte souvent les effets négatifs des exsudats racinaires du seigle, de l’avoine, du sorgho et du sudangrass sur les cultures fruitières, si le délai de décomposition minimal n’est pas respecté.
Sudangrass
Beaucoup se plaignent du système racinaire trop puissant des céréales, surtout du seigle. Malgré tous ses avantages, cela peut vraiment poser problème lors du travail manuel de la terre si on le laisse croître en mur. Certains agriculteurs ne renoncent pas aux céréales, ils les sèment simplement immédiatement après la récolte des premières cultures - oignons, ail, choux. Et ils les enfouissent à la fin de l’automne.
Semis d’engrais verts “d’hiver” pour une germination précoce au printemps
Au premier gel, on sème presque tout, dans l’espoir d’une germination printanière groupée (ce qui n’est pas toujours atteint, de nombreux facteurs influencent la saison automnale-hivernale). Les meilleurs engrais verts d’hiver sont considérés comme l’avoine, la moutarde, le mélange de vesce et d’avoine, le colza, le soja, et la moutarde. Ils sont semés dans un sol préalablement “peigné” avec des fourches, lors des premiers gels, pour éviter la germination lors d’un court redoux et la infestation par les souris.
Rotation de cultures d’engrais verts avec un court cycle de végétation, du début du printemps jusqu’en octobre.
Le plan peut être le suivant : après la fonte des neiges, on sème un engrais vert à croissance rapide dans le sol réchauffé, comme la phacélie, la moutarde blanche, le radis oléagineux ou le mélilot. Choisissez une plante ayant une période de végétation de 35 à 40 jours. Ensuite, après l’incorporation des engrais verts dans le sol, environ 2 à 3 semaines doivent s’écouler. Vous pouvez alors planter des cultures fruitières. Après la récolte des cultures précoces, l’engrais vert est semé à nouveau. Ce scénario se répète autant de fois que le temps et vos plans de semis le permettent.
Champ de moutarde
Semis des engrais verts pérennes
Les engrais verts pérennes sont plantés avec une perspective à long terme pour former une couche de sol fertile sur plusieurs années, sans travail du sol. Le processus de terraformation avec des engrais verts est décrit en détail dans le premier article de la série.
Champ de lupin pérenne en Suisse.
L’incorporation et l’ensemencement des engrais verts pérennes se font la saison précédant la culture des plantes cultivées. Il est souhaitable d’enlever les plantes pérennes pas avant deux ans de leur végétation et pas plus tard que cinq. Tant que le sol est sous un repos vert, il faut tondre les plantes trop envahissantes, mais sans les couper à la racine. Il est judicieux de retirer les hampes florales pour éviter que l’engrais ne devienne une mauvaise herbe incontrôlable. La masse verte coupée peut être laissée comme paillis sur place, mais elle apportera plus d’avantages en se décomposant dans le tas de compost, dont le contenu sera utilisé pour ce même lit au moment de la plantation des cultures fruitières. On peut également utiliser cet excès de verdure pour pailler les cultures plantées et les interlignes dans les lits voisins.
Mélange d'engrais verts de légumineuses et de céréales.
Les options de travail avec les engrais verts peuvent être combinées sur différents espaces, en expérimentant avec des mélanges de légumineuses, d’herbes-légumineuses, et de mélanges d’herbes variées. Des mélanges prêts à l’emploi sont vendus, dont la composition est considérée comme classique : mélange de vesce et d’avoine, moutarde et radis oléagineux, mélange de céréales d’hiver.
Faut-il incorporer ou non ?
Il existe un avis selon lequel l’incorporation de l’engrais vert n’est pas obligatoire, car tout se décomposera de toute façon. En effet, la verdure laissée non incorporée en hiver pourrit d’une manière ou d’une autre, et évapore dans l’atmosphère tout l’azote accumulé sous forme d’ammoniac durant la période de végétation. En hiver, les vers ne remontent pas dans la couche supérieure gelée sous cette herbe, ce qui est aussi un inconvénient. Bien que l’accumulation d’humus soit plus productive, comme l’indique K.I. Dovban, les nutriments en seront minéralisés et reviendront aux cultures fruitières au cours de la saison, ce qui se reflétera dans le rendement actuel.
En interrogeant des jardiniers dans la zone non noire, qui ont expérimenté cela, tous afirment d’une seule voix : les engrais verts non incorporés ne maintiennent même pas le niveau d’humus, influencent peu la structure du sol, et c’est de l’argent jeté par les fenêtres.
L’incorporation des engrais verts dans la rotation des cultures est nécessaire, au moins en partie. Avec une très bonne masse verte, une partie peut aller au compost, une autre au paillis. Un exemple de mes parents, qui ont essayé pour la première fois d’incorporer de la moutarde blanche : après la récolte de l’ail, ils l’ont semée, et au fil du temps, ma mère coupait les hampes florales pour la salade. Ils ont divisé la riche verdure en trois parties : une partie a été enterrée là même (à 10 cm), une partie est allée au compost, et une partie sous les tomates précoces récoltées. À propos, ils sont très contents de l’argile noire qui, depuis dix ans, n’a été améliorée par rien.
Une autre question est de savoir s’il faut incorporer immédiatement ou laisser sécher ? L’incorporation de verdure fraîchement coupée stimule la décomposition rapide et nourrit les cultures fruitières, la perte d’azote sera minime. Si l’on laisse l’engrais sécher avant de l’incorporer dans le sol, la décomposition se fera plus lentement, utilisant de l’azote du sol (la paille appauvrit totalement le sol), mais permettra une accumulation d’humus plus intense (la formation organo-minérale, en digestion par la microbiote pour la future nutrition des plantes cultivées).
Il s’avère que les deux options apportent des avantages sur différents sols selon les besoins.
Incorporation des engrais verts d’hiver
Abordons maintenant directement l’incorporation. Je vais commencer par les engrais d’hiver. Les délais de coupe des engrais verts d’hiver influencent la température du sol, son humidité, le cycle des nutriments, ainsi que les composés chimiques lors de la décomposition. Par conséquent, il faut aborder la coupe et l’incorporation selon la situation.
Avantages et inconvénients de la récolte précoce des engrais verts d’hiver :
- Plus de temps pour reconstituer l’humidité du sol (les céréales d’hiver assèchent, ce qui est un avantage dans certaines régions).
- Le sol chauffe plus rapidement, en partie grâce à la décomposition de la masse verte.
- Moins d’effets phytotoxiques des produits de décomposition sur les cultures suivantes.
- La viabilité des organismes pathogènes diminue.
- La minéralisation de l’azote augmente.
- Plus d’opportunités pour les mauvaises herbes de s’enraciner.
Avantages d’une récolte plus tardive des engrais verts d’hiver :
- Moins de chances pour les mauvaises herbes.
- Un paillage vivant.
- Lors de l’incorporation tardive des engrais verts de légumineuses, plus d’azote pénètre dans le sol.
Les engrais verts de céréales d’hiver doivent être récoltés au plus tard deux semaines avant les plantations des cultures principales. Cette recommandation est souvent citée, mais les céréales riches en carbone ne se décomposent pas si rapidement. Le délai d’attente peut varier de 4 à 8 semaines. Par conséquent, l’option de compostage ne doit pas être exclue. Que les racines se décomposent, pendant que la biomasse verte agit à travers le compost et le mulching partiel des cultures plantées. Vous pouvez éliminer les engrais verts de la manière qui vous convient le mieux - faucheuse, outil de désherbage, motobineuse, cultivateur… Il y a une opinion selon laquelle les engrais verts coupés doivent rester à la surface sans être enfouis, prenant en exemple les prairies naturelles avec des herbes sauvages. Le paillis est une bonne chose, mais tout l’azote sera perdu et l’humus sera également perdu. Si vous n’avez physiquement pas la possibilité d’incorporer les légumes verts dans le sol, mettez-en une grande partie dans le compost ou faites des “braises vertes” - des engrais liquides à partir d’eux. Pour les cultures fruitières sélectionnées, comme les tomates de 400 grammes, les énormes choux, les pommes de terre abondantes, etc., les ressources de l’agriculture naturelle ne suffisent pas. Dans nos conditions, l’enfouissement des engrais verts est tout simplement nécessaire, ou il faut des quintaux de fumier et de compost.
L’enfouissement d’engrais verts à courte période de végétation, participant à la rotation des cultures, doit se faire avant ou pendant la floraison, lorsque la plante a accumulé de la masse et de l’humidité. Il ne faut pas permettre l’apparition de tiges, d’épis, de semences - la plante dépense une masse de nutriments pour se reproduire, les tiges deviennent dures. L’engrais vert se transforme facilement en mauvaise herbe.
Dans des articles futurs, je traiterai directement des plantes-engrais verts par types : légumineuses , choux et céréales .
